Pour cet article Souvenirs & Passions, nous nous sommes tournés vers Lucien Conseil dit LULU. Un ancien de la Revue comme disent certains, mais qui revient à chaque fois qu’il peut car la Passion est toujours là !
Bonjour Lucien. Depuis 1978 vous êtes l’une des figures de la Revue puisque vous faites partie du groupe des acteurs. Racontez-nous comment tout à débuté ?
Petit mes parents m’emmenaient voir les spectacles au petit théâtre et pour moi c’était grandiose : cela me faisait rêver. Plus tard j’entendais parler de Mme Chassagne et de sa fille Mme Plazzi : ces gens me paraissaient inaccessibles. C’est bien plus tard que j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis lancé à demander une audience à Mme Chassagne en vue d’être machiniste dans la futur spectacle. Ce fut chose faite.
De machiniste, vous êtes passé à acteur ?
En réalité je n’ai jamais été machiniste. En 78, un acteur est subitement décédé. Mme Chassagne m’a demandé de rejoindre le groupe des acteurs car elle croyait en moi. Elle savait deviner le potentiel des personnes ! Elle m’a donc demandé de lui trouver une personne pour me remplacer en tant que machiniste et c’est comme ça que Jean-Claude Ranouil s’y est collé est arrivé.
Pour la Revue suivante, Mme Chassagne avait sa petite idée en tête et nous a proposé à – Jean-Claude et à moi-même de faire un duo dans un sketch. Et voilà comment nous nous sommes retrouvés depuis sur scène.
Justement, dites-nous vos sensations…
Depuis presque de 40 ans (je n’ai raté qu’une seule Revue), à chaque Première j’ai toujours la même sensation. Un gros stress toujours mais cela me semble indispensable ! Dans la salle, il y a des spectateurs, la famille, les amis… Bref : « On a le trouillomètre à ZÉRO ! »
Après une Revue, les autres ont suivi… Pourquoi ?
Quand on aime ce milieu du spectacle, je dirai que c’est un peu comme une drogue… On y revient ! Après les 25 représentations, on est crevé on se dit « C’était la dernière ». Puis après la petite année de pause, quand on nous fait signe pour préparer la nouvelle Revue, finalement on y retourne.
Il faut dire qu’à chaque fois tout est nouveau. Tout est refait de toutes pièces. Pour Bergerac Désir, la Revue en 2018, pour la première fois j’étais machiniste, car je ne pouvais m’investir sur la scène. Mais pour celle de 2022, c’est les 100 ans, je la fais c’est sûr. Je ne sais pas encore de quel côté scène ou coulisses ? J’ai 76 ans, 77 l’an prochain, je réfléchis.
Vous avez suivi une formation ?
« Non, j’ai appris sur le tas » lors des répétitions du temps de Mme Chassagne. Elle nous guidait pour le jeu d’acteur. Elle était metteur en scène et formatrice à la fois. J’étais timide, elle a su me rassurer. L’équipe aussi m’a très bien accueillie. On rigolait bien et on rigole toujours bien.
J’aime bien le jeu de l’acteur, c’est enivrant ! On est totalement une personne différente. On rentre dans la peau d’un personnage. Pour une même Revue, je suis passé de gendarme, à campeur !
À chaque représentation, il y a comme un ambiance qui émane du public. Il y a ou pas communion avec lui ! Parfois, il est plus difficile de faire décrocher des rires que d’autres.
Le fou rire sur scène, un sacré problème ?
Alors quand cela arrive, c’est compliqué. L’astuce est de ne regarder ni le public, ni les autres acteurs ! Une fois, lors d’un sketch, il y a eu une grosse vague ‘fou rire’. On est arrivé à se calmer avec bien du mal. La représentation suivante, on a failli redémarrer à cause du souvenir de la précédente mais on s’est maîtrisé et on a pu repartir et jouer notre scène. OUF !
Que diriez-vous à des personnes qui souhaitent s’investir dans la Revue de Bergerac ?
Je dirais que si quelqu’un a envie de participer, que surtout surtout qu’il ou elle n’hésite pas. Qu’il pousse la porte du Cercle, vienne découvrir comment une Revue se prépare, qu’il assiste à des répétitions.
Après, c’est certain qu’il faut être assidu et sérieux : c’est un travail d’équipe où chacun compte. Il faut en être conscient de suite. Mais au bout, quelle récompense ! On apprend plein de choses dans tous les domaines.
Et puis au Cercle, il y a avant tout l’esprit de famille.
Je me souviens en 1983 quand il y a eu le feu dans une partie des loges du Centre Culturel. On n’a pas baissé les bras ! On est tous reparti. Chacun a mis les bouchées doubles pour refaire les décors, les costumes (pour aller plus vite certains ont dû être acheté à Paris) et la même année en octobre, on était sur les planches : la Revue de Bergerac, malgré l’épreuve du feu, s’est bel et bien jouée !
Ici la force du bénévolat soutenu par l’esprit de famille a plus que compté !
Le public aussi est fidèle. En venant, il nous récompense de tous nos efforts et à chaque représentation leurs applaudissements nous vont droit au cœur à tous, acteurs, danseurs, danseuses, habilleuses, couturières, machinistes, éclairagistes… Bref tous les 80 bénévoles qui font que la Revue existe.